Crédit photo: Charles Bilodeau-Ricochet Design/Riôtel Matane 

Les Hôtels sur mer | Riôtel, é(VE)iller la mobilité électrique

Février 2021
Par Emie-Claude Lamoureux et Julian Sintim

Des bornes électriques pour servir leurs clients actuels et développer une nouvelle clientèle. Voilà la vision de François Rioux, Président du Groupe Riôtel, un groupe hôtelier en Gaspésie qui existe depuis bientôt 25 ans. Aujourd’hui, leurs Hôtels sur mer, dont le Riôtel Matane, le Riôtel Percé et le Riôtel Bonaventure sont des destinations aux électromobilistes. Étant parmi les premiers à installer des bornes de recharge sur leurs lieux en 2010, les gestes du groupe hôtelier ont fortement contribué au tourisme à zéro émission sur la péninsule gaspésienne.

Le Riôtel Matane est un hôtel 4 étoiles de 120 chambres avec centre de congrès et spa qui accueille des client à longueur de l’année. Face à la crise du Covid-19, le groupe hôtelier a mis en place un bon nombre de mesures afin d’assurer la sécurité de leurs clients et de leurs employés. Le Riôtel Percé et le Riôtel Bonaventure, deux hôtels saisonniers 3 étoiles et de type villégiature, font leurs réouvertures de fin mai à la mi-octobre. 

Pendant cette période particulière, nous avons discuté avec Nathalie Blouin, Vice-présidente ventes et marketing du Groupe Riôtel, qui était à l’origine du projet des bornes, pour souligner le soutien que le Groupe Riôtel a éVEillé auprès de la mobilité électrique sur le territoire de la région côtière du Québec. Ce qu’il y a de particulier à Riotel, ce sont les emplacements aux bords de la mer, explique Nathalie. Ce sont ceux-ci qui donnent notre force et d’où vient notre marque de commerce : hôtels sur mer. 

« Ce qu’il y a de particulier à Riotel, ce sont les emplacements aux bords de la mer. Ce sont ceux-ci qui donnent notre force et d’où vient notre marque de commerce : hôtels sur mer. »

ChargeHub : Pourquoi avoir mis une priorité sur l’installation de bornes  ?

C’est drôle, c’était deux hasards qui s’étaient passés l’un après l’autre en 2010. À cette époque, j’étais Directrice générale du Groupe Riôtel et j’étais aussi en intérim comme directrice du Riôtel Matane. Un jour, j’ai reçu un courriel d’un de nos clients corporatifs qui avait une voiture électrique. Il nous a envoyé un message du genre : « Bonjour, j’aime bien aller chez vous. J’ai une petite suggestion à vous faire : ça serait bien que vous ayez une borne de recharge. Ça s’en devient de plus en plus en demande. »

N’ayant même pas eu le temps d’en parler à M. Rioux, j’ai reçu un appel de la compagnie Sun Country Highway (SCH) quelque temps après. Sur l’appel, les membres d’équipe de SCH m’ont expliqué qu’ils seraient à Matane dans quelque temps et qu’ils aimeraient installer des bornes de recharge dans nos stationnements. Ils ont continué en expliquant que leur objectif était d’installer des bornes à travers tout le Canada, de la côte est à la côte ouest. Vu que nous étions un groupe hôtelier en Gaspésie, ils ont voulu prendre rendez-vous. Évidemment, le décalage entre ces deux événements m’a fait penser : wow.  

Crédit photo: Riôtel Matane

Quelles étaient vos démarches pour l’installation des bornes pour VE ?

Aujourd’hui, il y a beaucoup plus d’expertise disponible vu la forte demande et la popularité des véhicules  électriques (VEs). Mais à ce moment-là, on n’avait aucune idée où acheter une borne électrique ou ça fonctionnait comment… c’était tout nouveau pour nous. Il n’y avait pas d’autres bornes en ville non plus. On était vraiment parmi les premiers parce que de ma mémoire, c’est après qu’on a eu les nôtres que le Circuit électrique a installé des bornes de recharge rapides (BRCC) au centre-ville de Matane.

Alors pour débuter, ce sont les employés de Sun Country Highway qui nous ont tout expliqué les bases. Après la réception des bornes, j’ai consulté M. Rioux pour comprendre la prochaine étape à prendre. Il m’a répondu : « Il faut voir si notre lieu a assez de capacité ou s’il faut ajouter un panneau électrique. »

Donc, on a engagé un électricien qui est venu nous expliquer où nous pouvions installer des bornes pour VE et a installé un autre panneau électrique pour alimenter la recharge. Puis, on a fait peindre en vert les stationnements dédiés aux VEs.  

Après, c’est l’aventure qui a commencé. 

Depuis l’ajout des bornes pour VE, avez-vous vu une différence au niveau de votre clientèle ? 

Oui c’est sûr que oui des fois ça fait partie du choix du client. Pouvoir brancher son VÉ dans notre stationnement pour aller se promener un peu partout, c’est un atout que les gens apprécient beaucoup. Depuis qu’on a installé les bornes de recharge, on en a ajouté une nouvelle avec deux à Matane pour répondre à la demande croissante de notre clientèle. Il y avait souvent un VÉ branché, alors c’était nécessaire. On en a deux aussi à Riôtel Percé et nous sommes en pourparlers pour faire l’installation de bornes Tesla.

En fait, un de nos clients faisait partie du Club Tesla Québec. Il m’avait appelé pour me dire « C’est vraiment super votre réseau de recharge. Ça nous a coûté 2,50 $ pour faire le tour de la Gaspésie ! » Cet échange a fini par mener à un partenariat pour le Festival Musique du Bout du Monde à Gaspé qui a eu lieu au mois d’août. Le Club Tesla Québec voulait ajouter une dimension écologique au festival et nous a contactés pour qu’on organise ensemble la « Caravane Tesla. » C’était une caravane de gens qui venaient en voiture électrique au festival. À l’époque, il y avait aussi Alexandre Taillefer de Téo Taxi qui avait participé. C’était une super belle aventure où des propriétaires de Tesla et Téo Taxi partaient de Montréal et ont amené des participants et des personnalités connues comme Sophie Faucher et Ines Talbi jusqu’à Gaspé.

C’était une belle expérience qui nous a aussi donné un nouveau défi par rapport aux bornes. Puisqu’on avait presque 20 véhicules électriques sur les lieux, il y avait toute une logistique à considérer. C’est aussi là que j’ai appris qu’un VÉ pouvait se brancher dans une prise régulière, mais que ça prenait beaucoup trop de temps pour recharger la batterie du véhicule. Donc, un horaire s’est fait pour la logistique de la recharge d’un VÉ entre notre borne dans notre stationnement et la borne de recharge rapide située au centre-ville. 

Crédit photo: CAROVUKOFOTO

Quelles sont les exigences en matière de gestion des bornes pour VE ?

L’entretien est assez facile. La seule chose qu’on a comme interrogation des clients, c’est s’il a deux clients déjà branchés et qu’un client aimerait compléter une recharge. À ce moment-là, on n’est pas toujours certain de la période qu’il faut allouer aux clients pour se brancher. La recharge est gratuite alors ça peut arriver… mais ce n’est pas très problématique. De toute manière, au fur et à mesure que la demande augmente, pour nous, ça nous signale qu’il faut simplement en installer d’autres ! Un beau problème à avoir.

Puis, ça nous arrive que quelqu’un qui n’est pas un client de l’hôtel se branche, ce qui est moins agréable. Cependant, si ça arrive, souvent l’électromobiliste va quand même consommer chez nous puisque chacun de nos hôtels sur mer ont un restaurant place. 

Je dirais que là où c’est le plus difficile c’est quand il y a un bris d’équipement. Pour ces scénarios, c’est sûr qu’il faut faire venir des pièces. Je me rappelle qu’on a eu un bris à Percé et que ce n’était pas toujours évident. Les électriciens ne savent pas toujours identifier la source du problème ; quelle pièce qu’il faut changer et ainsi de suite. Maintenant c’est rendu plus courant par contre et il y a plus de standards parmi les bornes. C’était donc des délais de recherche.  

Credit Photo: Riôtel Matane

Outre vos efforts pour soutenir la mobilité électrique, y a-t-il d’autres mesures que le Groupe Riôtel a prises en matière de développement durable ?

Lorsqu’on doit faire des rénovations, on se pose toujours la question : que pouvons-nous récupérer ? Par exemple, on a fait de super meubles avec du bois récupéré échoué sur le bord de la mer sur un des terrains à M. Rioux. Le bois récupéré a été travaillé par des ébénistes de la Gaspésie et c’est ce bois qui compose aujourd’hui le comptoir de la réception du Riôtel Matane, le comptoir du bar ainsi que des petites tables d’appoint. Notre ancienne marquise a aussi été récupérée pour faire les bancs et les petites tables au restaurant Cargo à Matane. Ceci donne un style industriel contemporain, ce qui est voulu parce que Cargo a été conceptualisé par les cargos qui passent tous les jours au port de Matane !  Nous complétons nos rénovations avec des solutions écoénergétiques, telles que des systèmes de chauffage et de climatisation intelligents.

Puis, on mise sur le tourisme gourmand en mettant en valeur tout ce qui est produit de la mer. En temps normal, notre Festival de homards se passe au printemps dans les trois hôtels. Il y a aussi les fameuses crevettes nordiques de Matane que nous soulignons. Tout ce qu’on peut avoir en approvisionnement local continu, on le prend !

C’est parmi les grandes réussites du groupe hôtelier : valoriser les particularités de chaque endroit. Comme le Riôtel Percé, situé en plein cœur du village qui offre une vue panoramique sur le Rocher Percé et sur les falaises. Les électromobilistes peuvent brancher leur VÉ et se promener, ainsi que manger au restaurant de l’hôtel, au PAQBO. Puis, le Riôtel Bonaventure, situé dans la Baie-des-Chaleurs, est un lieu populaire pour la pêche au saumon et les sports de canotage sur la Rivière Bonaventure, l’une des plus cristallines en Amérique du Nord. D’où le nom du restaurant sur place, le Kano.  

Le Groupe Riôtel avait prévu de développer un forfait qui soulignait des activités hivernales telles que le festival Opti-Neige ; un festival de sculptures de glaces apprécié par les familles de la région. Mais, face à la crise, ces forfaits hivernaux sont maintenant prévus pour l’année prochaine. En attendant la suite, les hôtels Riôtel continuent de transmettre leur amour de la Gaspésie et de la mer à leur clientèle qui a hâte de revenir séjourner en vacances ou en voyages d’affaires, où une pause café pour se ressourcer se fait directement sur la plage.

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